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© Lacroix, 2008

Bicyclette dans le silence feutré de la tempête de neige du solstice d’hiver, rue Larivière, près de la rue Parthenais

En japonais, on utilise l’adjectif shizuka aussi bien pour ce qui est calme et rangé, net, apaisant (un lieu, une personne, un tableau, une vie…) que pour signifier le silence physique. En d’autres termes, le contraire du silence n’est pas seulement le bruit en soi, mais le chaos quotidien, les activités stériles, les possessions inutiles, les obligations facultatives, les distractions excessives… S’adapter aux autres sans dépendre d’eux, rester libre de ses actes, se dégager des contingences matérielles, prendre plus de temps pour soi, se réserver des moments de solitude, vivre dans un environnement sobre et dépouillé, ne posséder que le strict minimum, voilà autant de moyens de remédier au chaos et de transcender le quotidien. On peut, grâce à de tels aménagements, retrouver vitalité, personnalité et créativité, même si cela est difficile à faire comprendre à son entourage. […] Comment parler du silence sans évoquer un des plus beaux compromis artistiques entre le non-dit et l’expression écrite le haïku, cette forme de petits poèmes en dix-sept syllabes et deux ou trois mots juxtaposés ? A l’opposé de la rhétorique, du discours, de l’éloquence, le haïku capte et invite chacun à saisir, comme par magie, la quintessence de la réalité, l’instant présent et à le multiplier à l’infini. Le silence est considéré au japon comme une forme d’art parmi les plus sacrées. Le zen nous apprend que plus nous ornementons notre discours de mots ou d’explications, plus nous nous éloignons de la réalité, du plaisir de l’instant, plus nous alourdissons ce que nous voudrions léger, plus nous en rendons la beauté inaccessible.
Au japon, être silencieux a toujours été un signe de distinction et d’élégance. L’idéal japonais est à l’opposé de notre culture de la communication (ou tout un chacun peut prendre la parole quand bon lui semble) et évite soigneusement de dépasser le seuil de la simple suggestion, attentif d’abord à laisser les portes des sens grandes ouvertes. Accumuler des mots vides de sens alourdit notre rapport à la légèreté et à la profondeur. Cela ne peut que nous empêcher d’exprimer exactement ce que nous ressentons ou cherchons à faire ressentir.
Garder une part de silence dans ses sentiments, révéler sans discourir, s’exprimer avec retenue et économie, c’est rester ouvert au caractère insondable des choses. C’est faire de l’esthétique une éthique. La beauté, par exemple, est si farouche, si rebelle aux mots qui cherchent à la domestiquer Les Occidentaux, eux, veulent toujours expliciter leurs paroles par d’autres paroles, arpenter la moindre parcelle de signification.
John Lane, Les pouvoirs du silence; retrouver la beauté, la créativité et l’harmonie
Écoutez l’extrait audio (46 minutes) de l’émission Par 4 chemins, où Jacques Languirand cite et commente des extraits de ce livre.

 



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© Lacroix, 2008

Chaises, jardin de Lezarts (Quartier Centre-Sud)

There’s some band
Playing on the radio
I make plans, but lose them from the get-go
The sun is in my eyes
It’s great to be alive
Yet, we’re all scared of the day we’ll die

Nicola Ciccone, Disorder Is a Luxury de l’album Storyteller

 



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© Lacroix, 2007

Gouttelettes et buée dans ma fenêtre au lever du soleil.

L’art, comme le disait Hegel, c’est de l’idéal devenu sensible.
Le génie de l’artiste n’est pas d’avoir des idées.
Il réside dans le fait de les matérialiser.



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© Lacroix, 2008

Ombre.

«Toute création possède un éclat, un rayonnement particulier. Ce peut être sa viridité, ses semences, sa floraison ou sa beauté, mais ce ne serait pas une création si elle en était dénuée – car le monde est vivant, être et esprit, tout est verdoyant de verdeur, tout est créativité. Toute création est réveillée, convoquée par cette retentissante mélodie, l’appel de Dieu au monde.»
Hildegarde de Bingen (1098-1179)



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© Lacroix, 2008

Feuilles de saule japonais sous la première neige, jardin de Lezarts (Quartier Centre-Sud).

Les hommes connaissent tous l’utilité d’être utile, mais aucun ne connaît l’utilité d’être inutile. La presque totalité des hommes s’imagine qu’être jugé apte à quelque chose est un bien. En réalité, c’est être jugé inapte à tout qui est un avantage.
— Tchouang-Tseu