
© Lacroix, 2005
Chaise et jouets d’enfants, jardin de Lezarts (Quartier Centre-Sud)
Nous avons à apprendre à pratiquer l’art de voir ce qui est. Non pas comparer, étiqueter, analyser, rationaliser ou expliquer. Dans cet esprit l’acte de voir est méditation.
Tout l’enseignement de Krishnamurti est résumé dans un texte écrit en 1980 intitulé:
La vérité est un pays sans chemin
Aucune organisation, aucune foi, nul dogme, prêtre ou rituel, nulle connaissance philosophique ou technique de psychologie ne peuvent y conduire l’homme.
Il lui faut la trouver dans le miroir de la relation, par la compréhension du contenu de son propre esprit, par l’observation et non par l’analyse intellectuelle ou la dissection introspective.
L’homme a échafaudé en lui-même des images, des clôtures de sécurité, religieuses, politiques ou personnelles.
Celles-ci se manifestent en symboles, idées et croyances.
Le fardeau qu’elles constituent domine la pensée de l’homme, ses relations et sa vie quotidienne.
Ce sont là les causes de nos difficultés, car, dans chaque relation, elles séparent l’homme de l’homme.
Sa conception de la vie est façonnée par les concepts préétablis dans son esprit.
Le contenu de sa conscience est cette conscience.
Ce contenu est commun à toute l’humanité.
L’individualité est le nom, la forme et la culture superficielle.
La nature unique de l’individu ne réside pas dans cette enveloppe superficielle, mais dans sa libération totale du contenu de la conscience.
La liberté n’est pas une réaction ; la liberté n’est pas un choix.
C’est la vanité de l’homme qui le pousse à se croire libre par le choix dont il dispose.
La liberté est pure observation, sans orientation, sans crainte, ni menace de punition, sans récompense.
La liberté n’a pas de motif ; la liberté ne se trouve pas au terme de l’évolution de l’homme, mais réside dans le premier pas de son existence.
C’est dans l’observation que l’on commence à découvrir le manque de liberté.
La liberté se trouve dans une attention vigilante et sans choix au cours de notre existence quotidienne.
La pensée est temps.
La pensée est née de l’expérience, du savoir, inséparables du temps.
Le temps est l’ennemi psychologique de l’homme.
Notre action est basée sur le savoir et donc sur le temps, ainsi l’homme se trouve toujours esclave du passé.
Quand l’homme percevra le mouvement de sa propre conscience, il verra la division entre le penseur et la pensée, l’observateur et l’observé, l’expérimentateur et l’expérience.
Il découvrira que cette division est une illusion.
Alors seulement apparaît la pure observation qui est vision directe, sans aucune ombre provenant du passé.
Cette vision pénétrante, hors du temps, produit dans l’esprit un changement profond et radical.
La négation totale est l’essence de l’affirmation.
Quand il y a négation de tout ce qui n’est pas amour – le désir, le plaisir – alors l’amour est, avec sa compassion et son intelligence.
Extrait de L’essence de l’enseignement de Krishnamurti, déclaration rédigée le 21 octobre 1980. Extrait de Les années d’accomplissement (II) , biographie de Krishnamurti par Mary Luytens, éditions Arista, 1984